Les objets connectés, facteurs clés de nos vies rêvées ?

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Nous avons aborder dans l’article précédent le sujet de la donnée et plus globalement du Big Data et des problématiques qu’il engendre. Mais penchons nous maintenant sur l’une des sources qui crée et fournit aujourd’hui la grande majorité des données dans la ville, à savoir les objets connectés (IoT).

L’IoT dans la ville

IoT est le raccourci utilisé pour désigner “l’Internet Of Things” ou en français “l’Internet des objets connectés”. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’internet des objets se définit comme « l’infrastructure mondiale pour la société de l’information, qui permet de disposer de services évolués en interconnectant des objets (physiques ou virtuels) grâce aux technologies de l’information et de la communication interopérables existantes ou en évolution ».
Au sens large, un objet connecté est un objet communicant. D’une certaine façon, les postes de radio et les TV sont des objets connectés, à la différence près qu’ils n’étaient que des récepteurs. Les objets connectés sont à la fois des émetteurs, des capteurs d’informations qui émettent, mais également interagissent avec un ensemble plus large (serveurs, autres objets connectés). Ils fonctionnent de manière autonome ce qui leur confère un début d’intelligence.
Les objets connectés connaissent une croissance exponentielle depuis le début de l’année 2015. Des estimations indiquent qu’ils seraient près de 15 milliards en circulation dans le monde actuel. Ils pourraient être entre 50 et 80 milliards d’ici 2020.
Les objets connectés et les données qu’ils créent et communiquent sont voués à augmenter et à enrichir autant la sphère publique que privée : maintenance prédictive, détection des fuites dans les zones inaccessibles, collecte de données dans les enseignes physiques pour cibler les achats des consommateurs ou des notifications pour savoir quand arrive le prochain bus dans les villes.

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Les smart cities sont également un des terrains de développement de l’IoT, aussi bien dans la dimension espace public que pour toutes les applications privées liées à des services publics (voir Tableau 1 : nombre d’objets connectés installés dans les smart cities dans le monde par sous-catégorie (en millions)(1)
Ces objets permettent de recueillir des données qui reflètent les comportements individuels et d’améliorer le service public autour de quatre axes : personnalisation, prévention, prédiction et participation.

Problématiques et limites

La nébuleuse de l’internet des objets est constituée d’une multitude d’acteurs, issus de secteurs différents et fonctionnant ensemble. Un foisonnement de technologies(2)(3) : Le développement de l’internet des objets s’appuie sur l’accès à des réseaux d’objets de natures hétérogènes. Toute la variété des technologies de communication est mise à contribution pour répondre aux multiples usages attachés à ces objets.

L’émergence de l’internet des objets s’accompagne de l’éclosion d’une multitude de technologies. De nombreux écosystèmes cloisonnés structurent actuellement l’IoT, malgré quelques initiatives allant vers plus de standardisation. Or, pour que les objets connectés s’organisent en réseau, et répondent à leur promesse, il est nécessaire qu’a minima des formes d’interopérabilité existent entre les objets.
La question de l’interopérabilité est celle de la compatibilité entre les objets et entre les applications. L’interopérabilité se traduit par deux effets économiques. D’une part, l’interopérabilité favorise la fluidité du marché, condition nécessaire au plein exercice de la concurrence, puisqu’elle laisse aux utilisateurs le choix des solutions de l’internet des objets sans contrainte de changement de technologies, donc de fournisseurs. D’autre part, elle permet de maximiser les effets de réseau. En effet, en rendant les objets compatibles, elle permet aux utilisateurs d’enrichir la gamme et le volume d’objets connectables à leurs propres objets. Cela permet d’enrichir les offres et de faire émerger de nouveaux usages.
Néanmoins, à court terme, l’interopérabilité ne semble pas le premier enjeu pour les fabricants ; les solutions technologiques ne sont pas encore matures, les usages restent souvent locaux, limités sur le plan géographique ou au sein d’une entité unique, et relèvent plutôt de la télémesure, en particulier dans le contexte industriel. Les nombreux fabricants ont ainsi tendance à développer leurs objets indépendamment les uns des autres, conduisant à une multitude d’offres en silo.
Pourtant, les acteurs de l’internet des objets ont conscience que tout objet connecté sera valorisé en fonction de sa capacité à communiquer avec un écosystème. Par exemple, dans le cas de la maison connectée, il conviendra d’éviter aux particuliers de faire face à une multitude de modalités de connectivité en leur proposant des objets parlant la même langue pour leur éviter des coûts d’apprentissage et des dépenses supplémentaires pour le contrôle de leurs équipements. Il faudra que les collectivités, à la tête d’une multitude d’objets connectés, puissent rationaliser leurs parcs pour diminuer les coûts et croiser les données collectées. Dans le cas des véhicules connectés, il sera crucial que les véhicules communiquent entre eux et avec les territoires connectés qu’ils seront amenés à traverser.
Les collectivités territoriales qui testent encore à petite échelle des solutions qui leur sont proposées ne mesurent pas toujours l’importance à accorder à l’interopérabilité qui leur donnerait la capacité à y incorporer par la suite une étape d’intégration, avant d’envisager un déploiement massif.
On comprend donc bien que le manque d’interopérabilité peut se révéler comme un frein au déploiement de l’IoT.

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Problème de sécurité

Aujourd’hui, les objets connectés sont jugés insuffisamment sécurisés et 70 % des objets connectés, utilisés le plus fréquemment, présentent des vulnérabilités, selon un rapport de HP security research.
Vulnérabilité quant aux données collectées puis stockées pour être analysés mais aussi scepticisme et réticences de certains usages face à l’internet des objets. Par exemple, les compteurs communicants qui permettent un relevé à distance des consommations permettent également aux différents opérateurs de connaître à tout moment le nombre et le type d’équipements électriques installés ainsi que la fréquence et la durée d’utilisation de chaque appareil connecté, avec la possibilité d’établir des “profils de consommation”.
Cette technologie vulnérable, comme toutes autres, aux cyberattaques pourrait générer des risques de pannes électriques et de black-out. Mais aussi de connaître la présence ou l’absence des résidents d’une habitation par exemple, ce qui laisse la porte ouverte aux cambrioleurs entre autre.

En conclusion, sans les technologies de l’information et de la communication il est difficile de rendre nos villes vraiment plus intelligentes. Si elles ne sont, en soi, la solution d’aucun problème, elles peuvent jouer un rôle essentiel dans l’amélioration de nos cités. Mais nous ne pouvons pas tout miser sur les données (la tendance dominante aujourd’hui). L’autre dimension essentielle des TIC est qu’elles permettent la communication horizontale et donc la participation, voire la collaboration. Les grandes entreprises qui promeuvent les villes intelligentes parient sur le premier aspect. Les acteurs publics devraient pousser le second. Les technologies proposées peuvent être utiles pour améliorer les services urbains et permettre aux municipalités de faire des économies. Mais il faut garder en tête que tout objet pouvant fournir un service (les lampadaires intelligents par exemple) peut aussi servir à recueillir des informations qui sont ensuite centralisées. Et puis cette accumulation de données, tolérable parce que nous avons encore l’impression qu’il s’agit, dans chaque cas, d’expériences, nous transforme vite en cobayes.

Entre datapolis et participolis

Francis Pisani pose le problème sous forme de tension entre deux pôles : datapolis, la ville entièrement gérée à partir des données recueillies par l’infrastructure technologique, et participolis, la cité dans laquelle les citoyens participent au design et à la gestion de l’espace dans lequel ils vivent.

Il ne suffit pas de mettre des objets connectés partout. Pour être utiles, les données qu’ils transmettent doivent être échangeables ou, plus exactement, leurs logiciels doivent être interopérables. Et le problème principal aujourd’hui est qu’il n’existe pas de standard. Une autre problématique est l’existence de failles de sécurité. Enfin les acteurs de l’internet des objets ont une approche bien trop souvent silotée qui ne favorise pas la mutualisation et n’amplifie pas l’efficacité des solutions proposées.

Sources

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